Haïti fait face depuis déjà plusieurs semaines à une vague de chaleur extrême. Les nuits sont devenues de plus en plus longues. Qui pis est, la production et la distribution de l’électricité sont au point mort dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, depuis un certain temps.
En conséquence, l’envie d’étancher sa soif devient de plus en plus pressante tandis que la pénurie de glace se fait sentir.
À Port-au-Prince comme dans les villes de province, les thermomètres s’affolent depuis quelque temps. La température ne cesse de grimper. C’est un constat : il fait de plus en plus chaud. Des vagues de chaleur frappent divers départements du pays.
« Je me demande qui joue dans la télécommande du soleil », s’amuse Jeff, un résident de Delmas 24.
Cette vague de chaleur incite les citoyens à se procurer des boissons glacées ou de l’eau congelée. L’utilisation de la glace devient incontournable durant cette période et ceci quotidiennement.
Ironie du sort, c’est à ce moment que le produit se fait de plus en plus rare, le prix d’un morceau de glace a explosé et la demande ne cesse de croître de façon exponentielle.
« Ras-le-bol »
Il faut maintenant au moins 150 gourdes pour se procurer d’un morceau qui ne peut que refroidir l’eau et qui risque de fondre avant même d’arriver chez soi.
« Hier j’ai acheté de la glace. Je voulais en acheter pour 250 gourdes, la quantité était si insuffisante que j’ai dû en acheter pour 150 gourdes de plus », a confié Betty qui habite à Delmas 65.
À Bois-Dioute, dans la commune de Carrefour, le constat est beaucoup plus criant. La glace n’existe plus, les habitants sont dans le devoir de se résigner et de consommer l’eau avec sa température normale.
« On est obligé de boire l’eau normale pour ne pas mourir de soif. Le pire, même après avoir fini de se désaltérer, la soif continue de se faire sentir : L’eau à température normale est quasiment insignifiante face à cette chaleur. J’en ai ras-le-bol » a fait remarquer Péguy.
Vendre le morceau de glace au prix fort n’est pas une stratégie des commerçants, selon Johanne qui vend depuis 4 ans des morceaux de glace au champ de mars. Elle indique que même pour les commerçants, le produit est rarissime.
« C’est difficile pour nous de trouver la glace pour la revendre, nous sommes donc contraints de la revendre à un prix exorbitant », a-t-elle confié.
Cette rareté de ce produit a, paradoxalement, créé de nouvelles façons de faire de l’argent pour des jeunes. Jonathan a 24 ans, il n’a jamais travaillé de sa vie. Chômeur de tout son état, il se livre chaque jour dans une chasse pour trouver de la glace pour renflouer les commerçants.
« Je gagne en moyenne 4 000 gourdes par jour. Je fais les démarches nécessaires pour trouver les blocs de glace pour les commerçants qui me paient pour chaque bloc de glace », a révélé Jonathan.
Cette situation n’a que deux causes: la chaleur et le manque d’électricité. Depuis plus d’un mois, Port-au-Prince et ses environs sont plongés dans le noir. Les habitants n’ont plus de capacité de produire de la glace artificielle avec leur réfrigérateur.
La température extérieure qui oscille entre 32 et 35 °C, Wilner Polydor, prévisionniste à l’Unité Hydrométéorologique (UHM) joint au téléphone par la rédaction a indiqué que c’est tout à fait normal cette vague de chaleur qui sévit dans le pays en raison de l’approche de la saison estivale:
« Nous nous avançons vers l’été. Il y a des brumes de sable et des poussières sorties du désert du Sahara traversant toute l’Atlantique, réduisant la visibilité dans plusieurs pays de la région. Nous avons une brume très légère. Toutefois, ça n’empêche pas qu’elle augmente la température en Haïti.
Ce mercredi 10 mai, nous avons mesuré la température au niveau de l’aéroport Toussaint Louverture à 35 degrés. Il fait vraiment chaud sur le pays », explique le prévisionniste au bout du fil.
« Si cette situation perdure dans les 3 à 5 jours qui viennent, on pourra parler de période de canicule », ajoute-t-il, invitant la population à se prémunir du nécessaire pour éviter toute déshydratation.
Entre-temps, la population fait la queue dans les entreprises vendant des matériels solaires comme des ventilateurs et réfrigérateurs solaires afin de mieux lutter contre cette chaleur intense. Dans certaines institutions, les responsables recourent aux climatiseurs.