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La fête de Pâques est là. Les cerfs-volants pratiquement absents. Dans la majorité des endroits de la région métropolitaine, les enfants ne lancent plus les cerfs-volants et les vendeurs se font rares. C’est toute une tradition qui disparaît à petit feu.
Mardi 4 avril. 10h 30 du matin. Sous un soleil printanier, sur l’autoroute de Delmas, François s’installe. Derrière lui, des dizaines de cerf-volants arborent le trottoir. Le reflet multicolore rime avec le rayon du soleil. Une façon pour François de mettre les clients dans le bain et les inciter à s’adjuger des cerf-volants, les transformer en musicien avec leur « vonvon », petit dispositif en papier coupé en demi-lune, qui joue les partitions du vent.
Ce petit moment de l’année est celui le plus apprécié par François en raison de la tradition qui veut que le ciel haïtien soit rempli d’escadrilles d’engins volants à chaque période de fête de Pâques.
100 gourdes, 150 gourdes, 200 gourdes, 250 gourdes, les prix des cerfs-volants varient, selon la taille, la beauté et la difficulté du travail réalisé, nous explique François d’un air circonspect, précisant que le charme des cerfs-volants réside dans l’association des couleurs avec des personnages de dessins animés, des stars de football et de basketball, pour le plus grand bonheur des enfants et des parents qui en achètent. Messi, Ronaldo, Lebron James, tout y est.
François vend du cerf-volant depuis 2011 et jusqu’à aujourd’hui, il ne s’en lasse pas. « Je suis de Jérémie. Avant chaque période de pâques, j’achète les éléments à Cazeau pour confectionner les cerf-volants », confie François.
Ce mardi, la vente, le goût et la demande des clients semblent avoir touché le tréfonds. L’affluence a grandement baissé par rapport aux années antérieures. Le constat fait dans le ciel haïtien conjugué avec le phénomène de l’insécurité expliquent de façon claire la nette disparition de cette tradition.
Sur l’autoroute de Delmas, François est l’un des rares commerçants qui s’évertuent à rendre vivante tant bien que mal cette tradition alors que la vente diminue d’année en année. L’insécurité et la pauvreté ont eu raison des vendeurs qui préfèrent s’orienter dans d’autres sphères d’activité plus rentables.
À Carrefour, le même son de cloche résonne. Le même constat frappe aux yeux. Les vendeurs et acheteurs sont peu. Christian est âgé de 19 ans. Depuis 2017, il enfile son costume de confection de cerf-volants. Cette année, il n’est pas encore satisfait.
« Ce matin, je n’ai vendu que 3 cerf-volants. J’espère que les prochains jours ne déchanteront pas », dit-il, constatant un manque de goût et d’intérêt des enfants pour la pratique de lancer des cerfs-volants durant les fêtes de Pâques.
Dans le ciel haïtien, les cerf-volants sont peu visibles. Les tournois ou les guerres de cerf-volant ne sont plus. Les enfants préfèrent se terrer chez eux pour se protéger des balles assassines des bandits armés.