En raison de la détérioration du climat sécuritaire dans plusieurs communes du Bas-Artibonite, Saint-Marc est devenue un refuge pour des milliers de familles contraintes de quitter leurs maisons pour échapper à la terreur des gangs armés. Cette migration forcée a entraîné une forte augmentation du coût des loyers dans la cité de Nissage Saget.
Les dernières attaques armées perpétrées au début du mois d’août 2023 contre la population civile de la commune de Liancourt ont poussé de nombreuses familles à s’établir à Saint-Marc pour échapper aux assauts répétés des individus armés qui commettent impunément des assassinats, des enlèvements, des viols collectifs etc…
En effet, comme d’autres grandes villes du pays, Saint-Marc est aux prises depuis longtemps avec un sérieux problème de logement social. Le déplacement massif de personnes a exacerbé cette situation, entraînant une augmentation exponentielle du coût des loyers, tant en centre-ville que dans les zones périphériques.
« Saint-Marc est depuis des années connue pour ses loyers très élevés, mais la situation s’est encore aggravée au cours des deux derniers mois. Les propriétaires opportunistes en ont profité pour augmenter les prix des loyers de plus de 30% en raison de la forte demande résultant du déplacement massif de la population », a déclaré Renaud Jean Jean Baptiste, résident de Pivert depuis près de 25 ans.
Certains propriétaires vont même jusqu’à refuser d’être payés en monnaie locale. « J’habite une petite maison de deux chambres avec une galerie d’environ deux mètres carrés. Je payais 125 000 gourdes par an. Aujourd’hui, il faut environ 200 000 gourdes pour trouver une maison similaire », se plaint un chauffeur de camionnette.
« Ma maison (3 chambres + galerie) située à Lascirie prolongée se loue cette année à 2 000 dollars US, contre 1 500 l’année dernière. Le coût de la vie augmente chaque jour, donc il est juste d’augmenter les loyers également », a souligné Nadine Louis.
« J’ai reçu plus d’une douzaine d’appels en une journée pour une maison située à Blauckhauss (Nord’est de la ville). D’autres propriétaires ont fait le même constat et nous en sommes venus à la conclusion que la maison sera attribuée à celui ou celle qui proposera le montant le plus élevé. J’ai déjà reçu des offres dépassant celles de l’année dernière », admet monsieur Ricko, un propriétaire de maison.
Entre les violences des gangs armés, l’inflation et l’insécurité alimentaire, des milliers de déplacés doivent également faire face à la flambée des prix des loyers, tout en étant souvent privés des infrastructures nécessaires.
Ce problème ne date pas d’hier. Depuis longtemps, certains propriétaires exigent des sommes considérables à leurs locataires. Dans la plupart des contrats, la monnaie locale n’est pas acceptée. La situation s’est détériorée en raison de la demande croissante.
Des territoires « sont perdus », aucun effort réel n’a été fait pour les récupérer et comme d’habitude la population se retrouve une fois de plus livrée à elle-même.
NB : Les noms utilisés dans cet article sont des noms d’emprunt.