Haïti-Sécurité : les États-Unis promettent leur support à la force multinationale
Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Droits Humains, Volker Türk a bouclé, ce vendredi 10 février, sa visite officielle de 48 heures en Haïti à l’invitation du gouvernement.
Après avoir rencontré des responsables gouvernementaux, le haut état-major de la PNH, des acteurs de la société civile et des victimes des violations de Droits Humains à Port-au-Prince et à Ouanaminthe dans le Nord-est du pays, le haut fonctionnaire des Nations Unies voulait s’enquérir de la situation sur le terrain.
« Je suis ici pour attirer l’attention sur cette situation et pour aider à stimuler l’action en faveur des Haïtiens et des Haïtiennes ».
Le monde a besoin d’entendre ce dont j’ai été témoin et ce que mes collègues documentent chaque jour, dans l’une des pires situations de pauvreté et de terreur au monde, une capitale où, dans de nombreux quartiers, des bandes armées prédatrices contrôlent l’accès à l’eau, à la nourriture, aux soins de santé et au carburant, où les enlèvements sont monnaie courante, où les enfants sont empêchés d’aller à l’école, où ils sont recrutés pour perpétrer des violences et où ils les subissent”, a déclaré M. Türk.
Le juriste autrichien a dressé un tableau sombre de la situation des droits humains en Haïti où une personne sur deux est confronté à la faim et vit dans l’extrême pauvreté, pas d’accès à l’eau potable, des prisonniers meurent de malnutrition, de choléra sans oublier la vulnérabilité du pays aux catastrophes naturelles. ” Les problèmes d’Haïti sont vastes et accablants”, a souligné le responsable qui dit avoir entendu le cri de détresse des plus vulnérables.
À côté de la crise sécuritaire, une crise humanitaire menace le pays avec 4, 7 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë et 19 200 autres en situation catastrophique proche de la famine, prévient le responsable.
« La situation est particulièrement précaire avec la pénurie alimentaire et de médicaments qui ne cesse de s’aggraver », a- t- il poursuivi, précisant que les femmes, les handicapés, les enfants, les jeunes et la communauté LGBTQ sont les plus vulnérables.
Avec plus de 200 gangs armés opérant dans tout le pays, la situation sécuritaire constitue le défi majeur des autorités haïtiennes alors que la Police Nationale d’Haïti n’est pas en mesure de réagir de manière adéquate dans un contexte où près de 18 policiers ont été assassinés par les gangs depuis le début de l’année.
Pour pallier ce phénomène, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Droits Humains appelle la communauté internationale à envisager de manière urgente le déploiement d’une force spécialisée avec un plan d’action concret et précis. Selon lui, cette nouvelle force doit tirer des leçons du passé avec une attention particulière sur les plus vulnérables.
« La Police Nationale d’Haïti a besoin d’un soutien international immédiat et coordonné, à la hauteur des enjeux, pour renforcer sa capacité à répondre à la situation sécuritaire d’une manière conforme à ses obligations en matière des droits humains » a- t- il ajouté.
Au nombre de ses recommandations figurent le rétablissement rapide des institutions dans les zones contrôlées par les gangs, une réforme des systèmes judiciaire et pénitentiaire où 80 % de la population carcérale sont en détention préventive. Il invite les autorités à s’attaquer à la corruption et à l’impunité.
Sur le plan politique, le haut responsable des Nations Unies a appelé les élites politiques et économiques du pays à surmonter leur indifférence à l’égard de la souffrance de la majorité et à faire en sorte que c’est le peuple haïtien qui exerce le pouvoir.
Il en a profité pour encourager les autorités à poursuivre le dialogue avec tous les secteurs pour juguler la crise par la tenue d’élections libres dans le pays.
“Ce qui est également ressorti avec force, c’est la nécessité pour les organisations de la société civile – et d’ailleurs pour tous les acteurs qui peuvent contribuer à façonner les événements dans le pays – de jouer un rôle actif et constructif dans le processus de dialogue politique et d’autres plateformes pour identifier des solutions – à petite et grande échelle, à court, moyen et long terme”, a précisé Volker Türk.
Le juriste autrichien dit croire que malgré les problèmes, le progrès est possible tout en saluant le travail des défenseurs des Droits Humains en Haïti en dépit des risques encourus.