La terre a tremblé le samedi 14 août 2021 dans plusieurs départements du pays, dévastant ceux formant le Grand Sud. Près de 2 500 personnes ont été tuées, environ 13 000 blessées et 329 disparues, selon les chiffres des Nippes, du Sud et de la Grand-Anse. Un an après cette catastrophe naturelle meurtrière, bien que plusieurs milliers de dollars aient été débloqués pour aider la région, rien n’a été fait et la population est toujours à genoux. Dans le même temps, les séismes se multiplient. Une augmentation de 22% des tremblements de terre a été enregistrée en juillet 2022 par rapport au moins de juin.
L’épicentre du séisme du 14 août 2021 a été localisé à Petit-Trou de Nippes. D’une magnitude de 7,2 sur l’échelle de Richter, il a touché plus de 600 000 familles et causé des dégâts estimés à 1,6 milliard de dollars US. Un an après, la population des départements touchés par ce séisme est laissée à elle-même. Aucune action concrète n’a été entreprise pour reconstruire la péninsule du Sud malgré de nombreuses promesses. Selon Jean Marie Junior Salomon, ancien sénateur du Sud, qui s’est exprimé dans l’émission « RANMASE », de l’argent a bien été débloqué, mais il a été alloué à des formations sur la façon de réagir à un séisme et de construire pour y faire face. L’ancien élu ne condamne pas cette situation, mais il estime que la priorité doit être donnée aux problèmes les plus urgents.
D’autres notables de ce département abondent dans le même sens, affirmant qu’à ce jour, malgré un an de retard, les victimes vivent toujours dans des abris temporaires. Ils citent, par exemple, le camp « Papa Numa » où les victimes s’abritent sous des abris faits de branches de cocotiers. Les décombres de certaines maisons détruites et de la route de Jérémie n’ont pas été enlevés, des écoles et bâtiments publics présentant des fissures n’ont pas été démolis ou réparés. C’est le cas, par exemple, du complexe administratif des Cayes, qui abrite le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) ainsi que le bureau du Délégué Départemental du Sud.
En plus de cela, les citoyens sont obligés de faire face au coût élevé de la vie. C’est la conséquence des pertes enregistrées lors du tremblement de terre. Mais elle est aussi particulièrement due à la situation qui perdure à Martissant, où des bandes armées bloquent la route principale depuis 14 mois, rançonnant les passants, y compris les commerçants, ainsi qu’à la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain, sans oublier la rareté du carburant. Pourtant, en marge de tout cela, la terre continue de trembler dans la péninsule Sud du pays, toujours à genoux.
Au cours du mois de juillet 2022, l’Alliance pour la gestion des risques et la continuité des activités (AGERCA) a signalé que 138 tremblements de terre d’une magnitude comprise entre 1,3 et 5,2 ont été enregistrés. Cela représente une augmentation de 22 % par rapport au mois de juin, où 113 tremblements de terre avaient été enregistrés. 124 des 138 tremblements de terre de juillet étaient de magnitude 3 ou moins. Une quinzaine d’entre eux ont été ressentis dans le département du Sud, 34 dans les Nippes et 67 dans la Grand-Anse.
Si Port-au-Prince ne s’est toujours pas réveillée 12 ans après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, où la partie basse du Centre-Ville est encore sous les décombres, il n’en va pas autrement pour les départements du Grand Sud un an après avoir été touchés. Face à la multiplication des séismes et à la précarité dans laquelle vivent les Haïtiens, il convient de se demander comment l’État entend relever ce défi et si le pire est à craindre.