Ce dimanche 12 mars a marqué les 2 ans de la mort de 5 policiers, dont 4 de l’unité SWAT Team, lors d’une opération menée dans le quartier de Martissant, à Village de Dieu. Ce carnage perpétré par le gang « 5 secondes », dirigé par le puissant caïd Izo, n’a jusqu’à date pas été pu expliquer à la population.
“Personne dans le haut commandement de la PNH n’a été sanctionnée ni au niveau administratif ni au niveau judiciaire”, dénonce le Centre d’analyse et de recherches en droits humains (CARDH).
La mort de Georges Renois Vivender, Désilus Wislet, Eugène Stanley, Ariel Poulard et Lucdor Pierre en 2021 a dès lors créé un précédent; carte blanche a été donnée aux bandits armés qui n’ont fait que multiplier les meurtres et le guet-apens à l’encontre des policiers lors des opérations.
L’organisation de droits humains indique qu’entre le 5 et le 6 juin 2021, huit policiers ont été assassinés à Cité Soleil et au Centre-Ville. Le 19 janvier 2022, Jean Ismay Auguste, commissaire de police, et sa femme, Clodilde Vilus, ont été assassinés à Croix-des-Bouquets. Le 24 juillet 2022, l’inspecteur de police Réginald Laleau a été assassiné dans l’enceinte de l’église Assemblée de Dieu à Meyer (Croix-des-Bouquets). Le 25 novembre 2022, le directeur de l’académie nationale de police, le commissaire divisionnaire Harington Rigaud a été tué à Frères (Pétion-Ville).
54 policiers ont été assassinés en 2022, du 1er au 27 janvier 2023, 18 autres ont perdu la vie pour le début de l’année 2023, parmi lesquels, trois agents assassinés et un autre porté disparu le 20 Janvier dernier à Metivier ainsi que le meurtre de sept policiers tués par le gang Gran grif de Savien à Liancourt dans l’Artibonite, le 25 janvier.
Selon le Centre d’analyse et de recherches en droits humains, du 12 mars 2021 au 26 Janvier 2023, 72 policiers ont été assassinés.
Légèreté du haut commandement
Le rapport souligne qu’en 2021, afin de répondre aux problèmes liés à l’insécurité, le gouvernement de Joseph Jouthe avait décaissé environ 1.2 millions de dollars américains pour l’achat de matériels destinés à la PNH. Pour ces matériels qui n’ont jamais été livrés, il n’y a jamais eu de rapport d’enquête de l’Unité de Lutte Contre la Corruption ou de la Cour Supérieure des Comtes et du Contentieux Administratif pour retracer ces fonds.
Par ailleurs, l’inspecteur général Carl-Henry Boucher, désigné comme l’un des responsables de la mort des 5 policiers, a été placé en isolement le 15 mars 2021. Après son audition à l’Inspection générale de la PNH, il a été libéré suite aux déclarations du premier ministre Joseph Jouthe le 31 mars: « il y avait des ordres qui n’ont pas été donnés à temps, ce qui a poussé les policiers à tomber dans le piège. « Beaucoup de consignes de la chaîne de commandement n’ont pas été appliquées à la lettre sur le terrain » a rapporté le CARDH dans son rapport.
En 2023, les mêmes justifications ont été apportées par les responsables de la PNH suite aux meurtres de Métivier et Liancourt, les renforts n’ont pas pu venir à temps.
Les policiers en protestation avaient investi les rues de Port-au-Prince suite à ces dernières actions commises par les gangs armés et ont eu comme réponse du haut commandement de la PNH, « l’opération Tornade 1 » qui a pour entre autres objectifs : apporter une réponse aux gangs armés et récupérer les corps des agents victimes à Liancourt, mais les familles des victimes attendent encore à environ deux mois depuis cette tuerie.
De plus, selon un rapport de la direction départementale de l’Artibonite, deux Inspecteurs généraux et un commissaire divisionnaire sont impliqués dans l’échec de l’opération à Liancourt, sans qu’il n’y ait eu aucune poursuite.
Les chars provenant du canada achetés par Haïti sous le gouvernement de Ariel Henry, les sanctions de l’international aux personnalités politiques et économiques qui financent les gangs armés semblent ne pas faire peur aux bandits qui multiplient les enlèvements, les meurtres etc…
Cependant le CARDH appelle les hauts gradés de la PNH à fixer les responsabilités en lien au drame du 12 mars 2021 jamais élucidé et qui affecte encore l’institution policière tout comme celui de Liancourt.