Ariel Henry affiche une compréhension « erronée » de la résolution du conseil de Sécurité de l’ONU

L’économiste Enomy Germain tire la sonnette d’alarme après l’octroi par l’État haïtien d’un soutien financier pouvant atteindre 11 millions de dollars américains à la compagnie Sunrise Airways, pour relancer les vols domestiques. Il dénonce une politique publique « tèt chat », marquée selon lui par le favoritisme, la capture de l’État par le secteur privé et le désintérêt pour les causes structurelles comme l’insécurité et la précarité.
Dans une prise de position tranchante, Germain fustige une mesure qu’il juge désordonnée, opaque et orientée vers des intérêts privés au détriment de l’intérêt général. « C’est la preuve que le secteur privé est au pouvoir, à la Primature comme au CPT », écrit-il sur ses réseaux sociaux.
Selon lui, cette initiative revient à subventionner un monopole, avec des conséquences néfastes pour la population. « Subventionner un monopole, c’est faire payer deux fois les citoyens : une première fois à travers des prix élevés, une seconde fois par leurs taxes », affirme-t-il.
L’économiste évoque aussi un risque d’aléa moral : en recevant une aide sans condition claire de performance ni régulation stricte, Sunrise Airways pourrait, selon lui, ne pas être incitée à souhaiter une amélioration du climat sécuritaire. « Plis gen ensekirite, se plis yap jwenn lajan », prévient-il, pointant une logique d’inefficacité institutionnalisée.
Pour Germain, cette décision ne règle ni l’insécurité ni la fragilité du transport intérieur. Elle ne fait que renforcer la position dominante d’un seul opérateur aérien, au détriment d’une concurrence pourtant nécessaire à la baisse des prix et à l’amélioration du service.
De son côté, Sunrise Airways a précisé dans un communiqué que les 11 millions de dollars ne constituent pas une subvention directe, mais une garantie financière. Celle-ci, octroyée par le ministère de l’Économie et des Finances, vise à couvrir les risques liés à la situation sécuritaire du pays. « Elle sera débloquée uniquement en cas de sinistre, pour indemniser les victimes ou réparer les dommages matériels, en complément des indemnisations assurantielles », indique l’entreprise. Cette garantie était, selon Sunrise, une condition préalable à la reprise de ses vols internes, prévue à partir du 12 juin 2025 vers le Cap-Haïtien, Les Cayes et Jérémie.
Ce soutien controversé survient dans un contexte politique tendu, marqué par des accusations persistantes de capture de l’État au profit d’intérêts privés, alors que les besoins structurels du pays restent largement ignorés.