
Dans un rapport accablant publié le vendredi 25 avril 2025, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) alerte sur la dégradation accélérée de la liberté de la presse en Haïti depuis l’arrivée au pouvoir du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). L’organisation dénonce une série d’attaques ciblées contre des médias et des journalistes qui ont été tués, blessés ou kidnappés, et une atmosphère de terreur alimentée par des groupes armés liés à la coalition Viv Ansanm. Le CPT est accusé de passivité face à cette dérive inquiétante.
Depuis l’installation du CPT, les atteintes à la liberté de la presse se multiplient. Selon le RNDDH, au moins six stations de radio et de télévision ont été incendiées ou vandalisées, parmi lesquelles la RTVC, Radio Mélodie FM, Storm TV et Télé Pluriel. Radio Panic FM a même été rebaptisée de force « Radio Taliban FM » par des groupes armés qui y diffusent leur propagande.
Ces exactions, principalement attribuées à la coalition Viv Ansanm, s’inscrivent dans un climat d’impunité et de violence politique. Le RNDDH déplore l’absence de mesures concrètes de la part du CPT pour protéger les professionnels de l’information et garantir le libre exercice du journalisme.

La peur s’installe durablement. Plusieurs journalistes, dont Guerrier Dieuseul, Johnny Ferdinand, Lunie Joseph, Loucko Désir et Esaüe César, ont reçu des menaces de mort, relayées sur les réseaux sociaux.
Les journalistes ne sont pas seulement visés dans leur environnement professionnel. Le 24 décembre 2024, deux d’entre eux ont été tués et sept blessés lors d’une cérémonie officielle à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, en présence du ministre de la Santé publique de l’époque. Le 31 mars 2025, le journaliste Roger Claudy Israël et son frère ont été enlevés lors du massacre de Mirebalais, avant d’être libérés le 17 avril.

Wandy Charles, rédacteur en chef de Vantbef Info et professeur en écriture journalistique, a même été victime d’une attaque armée non loin de son domicile de Vivy Mitchell. Alors qu’il se trouvait avec sa famille, leur véhicule a essuyé plusieurs tirs. Par miracle, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée.
Le chef de gang Jimmy Chérisier, alias « Barbecue », est directement pointé du doigt par le RNDDH pour avoir publiquement menacé certains journalistes, notamment Lunie Joseph — dont la famille, restée en Haïti, a également été visée — ainsi que le journaliste de la RTVC, Johnny Ferdinand. Ces menaces ont contribué à instaurer un climat de terreur incompatible avec l’exercice d’une presse libre et indépendante.

Pour le RNDDH, ces actes sont les signes avant-coureurs d’une dérive autoritaire : « Les attaques répétées contre les médias, les menaces et les assassinats de journalistes sont les prémices d’un pouvoir totalitaire. » L’organisation appelle à une mobilisation nationale et internationale pour faire pression sur le CPT et mettre un terme à cette spirale répressive.