
L’Association des pharmaciens d’Haïti (APH) tire la sonnette d’alarme face à un phénomène inquiétant : la prolifération des médicaments falsifiés. Selon ses responsables, près de 40 % des produits pharmaceutiques en circulation sur le marché haïtien seraient des contrefaçons, mettant en danger la santé publique.
Un marché hors de contrôle
Pour Pierre-Hugues Saint-Jean, président de l’APH, la situation est le résultat d’une gouvernance défaillante et d’un vide législatif qui ont favorisé l’essor du commerce illégal de médicaments en Haïti. Il met en garde contre les conséquences dramatiques de cette dérive :
« Prendre un médicament devrait permettre de se soigner. Pourtant, de plus en plus d’établissements, y compris des hôpitaux, vendent des produits contrefaits. Ces médicaments peuvent aggraver l’état des patients, voire provoquer leur mort. »
Le pharmacien qualifie cette pratique de véritable crime, dénonçant l’impunité qui l’accompagne.
Un appel urgent aux autorités
Face à cette menace sanitaire, l’APH exhorte le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) à agir en urgence. Mais la lutte s’annonce complexe : manque d’équipements de contrôle, absence de laboratoires spécialisés, personnel insuffisant… Autant d’obstacles qui entravent toute action efficace.
Comment reconnaître un médicament falsifié ?
Pierre-Hugues Saint-Jean évoque plusieurs techniques et dispositifs permettant de repérer les médicaments frauduleux. Toutefois, leur application en Haïti reste quasi impossible en raison du manque de ressources et de la faiblesse des institutions de régulation.
Un fléau qui dépasse Haïti
Le commerce des médicaments contrefaits n’est pas un problème exclusivement haïtien. Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 10 % des produits pharmaceutiques en circulation dans le monde seraient des contrefaçons. Dans certains pays en développement, ce taux grimpe même à 30 à 40 %, transformant ces médicaments en poisons silencieux pour les populations les plus vulnérables.
Alors que les autorités tardent à réagir, des milliers de vies restent exposées à ce danger invisible mais mortel.