Dans plusieurs quartiers de la ville de Saint-Marc, l’eau ne coule plus dans les robinets. Ainsi, des milliers de foyers sont privés de cette importante ressource et doivent se tourner vers des particuliers pour s’en approvisionner, ce qui entraîne des coûts élevés et variés. Face à cette situation, la Société des Eaux de Saint-Marc (SESAM) affiche son indifférence et fait son aveu d’impuissance.
À l’instar de plusieurs autres villes de provinces, les habitants de la ville de Saint-Marc sont confrontés à une pénurie d’eau « potable » qui ne fait qu’empirer avec le temps, ce, malgré les différentes promesses faites par les responsables de la SESAM à ses milliers d’abonnés, assoiffés du service.
Ainsi, les résidents de Lascirie, de Frescineau, de Blockhauss et de plusieurs autres quartiers de la cité de Nissage Saget sont livrés à eux-mêmes et se tournent vers d’autres alternatives pour s’approvisionner en eau puisque la SESAM peine à tenir des promesses.
« Ça fait plus de 10 mois que l’eau n’a pas coulé dans les robinets de mon quartier. Depuis, aucune goutte d’eau ne nous arrive dans le quartier », déplore Genèse Bien-Aimé. Une affirmation que Dino, l’un des responsables de la section commerciale de Société des Eaux de Saint-Marc rejette d’un revers de main. Néanmoins, il reconnaît que l’institution est loin, même très loin, d’atteindre son objectif principal.
Certains doivent se rendre à Venotte, dans la banlieue de la ville, pour trouver un point d’eau, tandis que d’autres achètent le gallon à 5 gourdes, soit 25 gourdes le seau. La SESAM, entité censée être responsable de la distribution de l’eau dans le centre-ville et certaines sections communales, a failli à sa mission.
Les conséquences de cette rareté sont dramatiques pour les riverains de Lascirie, Blockhauss, Frescineau, Bannik et les zones limitrophes. Ceux qui habitent ces quartiers ont beaucoup de difficultés à effectuer des activités de base telles que la cuisine, la lessive etc…
Il importe également de signaler que la mauvaise qualité de l’eau consommée par la population provoque des maladies dans certaines zones. La gratelle figure parmi les maladies les plus fréquentes, notamment chez les enfants, selon des parents interrogés par Ted’Actu.
« J’habite à Blockhauss, je ne me rappelle pas de la dernière fois que l’eau a coulé dans les robinets du quartier. Je dépense pas moins de 150 gourdes par jour pour m’approvisionner en eau de qualité douteuse », témoigne Jean-Marie Napoléon, qui se dit fatigué de cette situation.
« Il est urgent que les autorités compétentes assument leurs responsabilités. Les habitants de Saint-Marc méritent un accès à l’eau potable, un droit fondamental pour chaque individu. Il est indispensable que la DINEPA intervienne rapidement pour remédier à cette pénurie et pour soulager la souffrance quotidienne de cette population déjà fragilisée », déplore un père de famille.
Nous méritons mieux. L’accès à l’eau est un droit universel, a-t-il ajouté, avant de dénoncer le fait que certains quartiers, comme la deuxième ruelle Duplan, bénéficient de ce service au moins 2 à 3 fois par mois.
« Il est temps de mettre fin à cette injustice et d’accorder à chaque résident de Saint-Marc le droit fondamental d’avoir accès à l’eau potable. Il est grand temps que l’État prenne conscience de cette réalité désastreuse et agisse de façon à remédier à cette situation intolérable. Les habitants de Saint-Marc ne peuvent plus attendre, leur souffrance doit cesser dès le plus bref délai », conclut le quadragénaire.
Interrogé à ce sujet, l’un des responsables de Communication de l’institution publique dresse un tableau sombre de la situation de la SESAM depuis sa création en octobre 2009.
« Certaines zones ne sont pas alimentées régulièrement en raison des difficultés que la SESAM rencontre au niveau de Gilbert (4ème section) sur tout le réseau long de 14 kilomètres », a fait savoir cet employé de la compagnie.
Les décisions prises par l’ancien directeur général n’ont pas été bonnes. Au contraire, la situation du réseau alimentant la ville se détériore de plus en plus, raconte un autre responsable, ajoutant que la SESAM n’a pas les moyens de sa politique pour l’instant.
Il déplore l’utilisation abusive de l’eau du réseau à des fins agricoles par les habitants de 4e section communale de Saint-Marc près des zones de captage.
La percée irrégulière sur la ligne de conduite, la prolifération des points de vente irrégulière et le manque d’eau dans les sources provoqué par le déboisement excessif des normes sont parmi les problèmes les plus criants.
« Face à ces problèmes, la SESAM ne peut rien ou presque, puisque nous n’avons pas le soutien de la mairie, de la police et de la justice. Nous sommes livrés à nous-mêmes , regrette un cadre de la SESAM.
De son côté, Robert Pierre Louis, un abonné, impute la responsabilité aux dirigeants de la SESAM qui, selon ses affirmations, seraient de connivence avec ceux qui se livrent à ce commerce. Les autorités concernées ont fermé les yeux et ont laissé ce secteur « rentable » aux mains de ces vendeurs d’eau, déplore-t-il.
Un mètre cube d’eau coûte environ 63 gourdes (54 sceaux) à SESAM, tandis que chez les autres vendeurs il faut compter pas moins de 1500 gourdes.
Créée en octobre 2009, mais après 14 ans, la Société des Eaux de Saint-Marc peine encore à atteindre son objectif qui est la commercialisation de l’eau potable à Saint-Marc.