Haïti-insécurité : les déplacés menacés par une épidémie de tuberculose

Des affrontements sanglants ont éclaté ce lundi 26 mai dans les localités de Dekòd et Bwalavil, à Jean Denis, opposant le gang Gran Grif à la coalition armée du même nom. L’attaque, attribuée à Gran Grif, serait une riposte à un massacre survenu quelques jours plus tôt à Préval, imputé par plusieurs organisations locales à la coalition Jean Denis. Ce cycle de représailles a déjà fait plus d’une vingtaine de morts et plonge la population civile dans l’horreur, selon le journaliste Mario Charles.
Dès l’aube, vers 5 heures du matin, de violents échanges de tirs ont secoué ces deux zones considérées comme des bastions de la coalition Jean Denis. D’après les informations recueillies sur place, plusieurs membres de cette coalition ont été blessés par balles, et l’un de leurs cadres influents aurait succombé à ses blessures. Les forces de l’ordre, toujours absentes ou impuissantes dans ces zones enclavées, laissent libre cours aux agissements des groupes armés.
Selon des sources concordantes, l’attaque menée ce lundi par Gran Grif serait une réponse directe au carnage perpétré récemment par leurs rivaux à Préval. Lors de cette offensive, une quinzaine de cours familiales — chacune abritant plusieurs habitations — ont été incendiées.
Parmi les exactions les plus atroces figure l’attaque de l’église baptiste Maranatha, dirigée par le pasteur Jacques Brutus, 86 ans. Celui-ci a été tué avec 13 autres personnes qui s’y étaient réfugiées, dont une femme nonagénaire, une mère et son enfant. Certaines victimes ont été décapitées avant d’être brûlées à l’intérieur de l’édifice, totalement réduit en cendres. Les restes calcinés ont ensuite été abandonnés à Carrefour Préval. Un bilan provisoire établi en soirée fait état de 22 morts, un chiffre susceptible d’augmenter.
Une population prise en étau
Pris entre deux groupes armés en guerre, les civils paient le prix fort. Déplacements forcés, incendies de maisons, exécutions sommaires : la population vit dans la terreur, otage d’un conflit territorial sans merci.