Quand les réseaux sociaux deviennent les armes psychologiques des gangs armés

Dans une lettre adressée ce lundi 12 mai au secrétaire d’État Marco Rubio, la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen exprime de vives préoccupations face à l’aggravation de la crise sécuritaire en Haïti. Membre influente de la commission des affaires étrangères du Sénat, elle appelle les États-Unis à une action urgente, tout en mettant en garde contre les risques liés à la désignation des gangs haïtiens comme organisations terroristes étrangères (FTO).
Jeanne Shaheen salue les efforts de Washington et de la communauté internationale, mais tire la sonnette d’alarme : sans une implication plus forte et immédiate des États-Unis, Haïti risque de sombrer dans l’anarchie, sous le contrôle total des groupes criminels armés. Une situation qui, selon elle, pourrait avoir des répercussions directes sur la sécurité américaine, en favorisant les flux migratoires incontrôlés et en transformant l’île en plateforme de trafic transnational aux portes des États-Unis.
Des doutes sur la désignation des gangs comme groupes terroristes
L’un des points les plus sensibles de sa missive concerne l’initiative de certains élus et militants américains visant à classer les gangs haïtiens comme organisations terroristes étrangères. La sénatrice se montre sceptique quant à cette démarche, qu’elle juge risquée et potentiellement contre-productive. Elle met en garde contre les effets indésirables d’une telle décision : entrave à l’aide humanitaire, criminalisation de jeunes enrôlés de force, et surtout, soupçons de collusion. Selon elle, certains des promoteurs de cette désignation entretiendraient eux-mêmes des liens troubles avec les groupes armés.
Cinq recommandations pour une stratégie renouvelée
Dans sa lettre, Jeanne Shaheen propose cinq axes d’intervention prioritaires pour une politique américaine plus efficace en Haïti :
- Renforcer le soutien à la Mission multinationale de sécurité (MSS), menée par le Kenya, avec un effectif pouvant atteindre 5 000 hommes et des opérations offensives contre les gangs.
- Relancer la diplomatie multilatérale, en incluant la Chine et la Russie dans les discussions pour une éventuelle mission onusienne.
- Soutenir la gouvernance démocratique, en appuyant le Conseil présidentiel de transition et en encourageant ses efforts de lutte contre la corruption.
- Durcir les sanctions ciblées, en activant le Global Magnitsky Act et en poursuivant les pressions au sein du Conseil de sécurité de l’ONU contre les réseaux de soutien aux gangs.
- Combattre le trafic d’armes, en provenance majoritairement des États-Unis, à travers une coopération renforcée avec les autorités dominicaines pour tracer et intercepter les flux d’armes illégales.
Un appel au leadership américain
En conclusion, la sénatrice Shaheen exhorte les États-Unis à assumer leur rôle de leader dans la gestion de la crise haïtienne. Elle avertit que tout retrait ou désengagement serait une erreur stratégique majeure, et appelle à une coordination étroite avec le peuple haïtien et les partenaires régionaux pour restaurer la stabilité dans le pays.