
Les États-Unis s’apprêtent à franchir un nouveau cap dans leur politique envers Haïti. Selon le Miami Herald, le Département d’État américain étudie la possibilité de classer certains des gangs les plus violents d’Haïti, notamment Viv Ansanm et Gran Grif, comme organisations terroristes étrangères.
Cette désignation viserait à couper les réseaux de financement et de logistique qui alimentent la violence de ces groupes. Une alternative est également sur la table : celle de « terroristes mondiaux spécialement désignés », une classification qui permettrait de sanctionner plus directement leurs chefs et bailleurs, en Haïti comme à l’étranger.
Si ces mesures sont adoptées, elles ouvriraient la voie à des poursuites pénales renforcées et à des sanctions antiterroristes contre tout individu ou État apportant un soutien à ces gangs, que ce soit depuis Haïti, les États-Unis, la Colombie ou ailleurs.
Parallèlement, Washington envisage une coopération renforcée avec le Salvador. Des membres de gangs haïtiens pourraient être transférés au CECOT, prison de haute sécurité qui accueille déjà des membres du MS-13 et du Tren de Aragua, deux organisations criminelles inscrites sur la liste noire du Département d’État.
Ce durcissement intervient dans un contexte de violences extrêmes : plus d’un million de personnes déplacées, des quartiers entiers sous la coupe des gangs, des attaques ciblées contre les forces de l’ordre, des incendies criminels, voire des tirs contre des avions américains survolant Port-au-Prince. Trois départements sont désormais considérés comme sous contrôle des gangs, tandis que la capitale semble au bord d’un effondrement sécuritaire.
Face à cette situation, la communauté internationale, notamment la CARICOM, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, multiplie les avertissements contre une éventuelle tentative de prise de pouvoir par les gangs.
Le sénateur Marco Rubio, en visite récente en Jamaïque, plaide pour des mesures fermes. Il dénonce l’impunité dont jouissent les alliés politiques, financiers et trafiquants d’armes des gangs, et appelle à leur poursuite immédiate.
Jusqu’ici, la stratégie américaine s’était limitée à des annulations de visas et à des sanctions ciblées via le Trésor américain ou l’ONU. Ce changement de cap marque donc un tournant stratégique, misant sur un encerclement juridique et logistique pour affaiblir les gangs de l’intérieur comme de l’extérieur.