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Ayant pour responsabilité principale le « maintien de la paix et de la sécurité internationale », selon l’article 24 de la Charte des Nations unies, le Conseil de Sécurité sera présidé à partir du 1er avril prochain par la Fédération de Russie. Une situation paradoxale pour plus d’un car la Russie mène une offensive militaire en Ukraine depuis février 2022.
En effet, il est de principe que la présidence du Conseil soit assurée par chacun des Membres à tour de rôle pendant un mois, suivant l’ordre alphabétique anglais des noms des États Membres.
Ainsi, après le Mozambique qui dirige cette instance au cours de ce mois de mars, la Fédération de Russie s’apprête à prendre la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies à partir de ce samedi 1er avril, rapporte ce mardi la chaîne d’information Euronews.
Nombreux sont ceux qui se demandent comment Moscou va bien pouvoir superviser un organe qui s’efforce de maintenir la paix et la sécurité dans le monde tout en pilotant son offensive militaire en Ukraine.
Le Conseil de sécurité de l’ONU est composé de 15 États membres. Pour prendre des décisions, chaque membre dispose d’une voix. En vertu de la Charte des Nations unies, tous les États sont tenus de se conformer aux décisions du Conseil.
“Mais il ne faut pas exagérer l’importance de ce poste”, a déclaré à Euronews Thomas Graham, membre éminent du Council on Foreign Relations (Conseil des relations extérieures).
La dernière fois que la Russie a occupé la présidence, c’était en février de l’année dernière, précisément le mois où elle a lancé son invasion à grande échelle de son voisin ukrainien. Depuis février 2022, les partisans de l’Ukraine, et même des parlementaires, souhaitent que la Russie soit expulsée du Conseil de sécurité des Nations unies, mais selon notre expert cela est “presque impossible”.
« Cela nécessiterait un vote du Conseil de sécurité, et la Russie conservera son droit de veto. Cela n’arrivera donc pas », a souligné l’expert au média européen.
Andrew Macleod, professeur invité au département des études sur la guerre du King’s College de Londres, a déclaré qu’il était ironique que la Russie occupe la présidence de l’organe des Nations unies chargé de faire la paix, alors qu’elle est perçue par beaucoup comme la plus grande menace pour cette paix.
Le président du Conseil préside les réunions et s’occupe d’une grande partie du travail administratif, mais il n’a que très peu de pouvoir pour influencer les décisions prises par le Conseil, a-t-il précisé.
Vladimir Poutine pourrait-il tirer profit de ce rôle ?
Thomas Graham a déclaré que l’accession de la Russie à la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies ce mois-ci ne donnerait aucun avantage à Moscou dans le conflit.
« Le président russe Vladimir Poutine ne pourra pas s’en servir ». Tous les membres du Conseil conservent le droit de s’exprimer lors des sessions du Conseil, et vous pouvez être certain que les Etats-Unis et les pays européens ne diront rien de positif sur la Russie et ce qu’elle fait en Ukraine ou ailleurs dans le monde, d’ailleurs.”
« Si la Russie tente d’introduire au Conseil des orateurs que les Etats-Unis et d’autres pays jugent inappropriés, ils peuvent, sur des questions de procédure et avec seulement neuf voix, empêcher la Russie de faire certaines des choses qu’elle pourrait vouloir faire », a conclu Thomas Graham.