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Alors que la Mission multinationale d’appui à la sécurité, présente en Haïti depuis plus d’un an, peine à s’impliquer concrètement sur le terrain, la Police nationale d’Haïti (PNH), elle, multiplie les offensives contre les groupes armés. Bravant les risques, les unités haïtiennes mènent des opérations d’envergure, démantelant des réseaux criminels, interceptant des cargaisons de drogue et freinant l’expansion de la violence dans des zones stratégiques. Ces résultats relancent les interrogations sur l’efficacité réelle de la mission multinationale et sur le rôle qu’elle est appelée à jouer face à l’aggravation de la crise sécuritaire.
Sur le terrain, le contraste est saisissant. Tandis que le contingent kényan reste cloîtré dans ses véhicules blindés, la PNH, elle, est présente sur tous les fronts. Ces dernières semaines, les forces de l’ordre haïtiennes ont multiplié les actions spectaculaires, réaffirmant la souveraineté nationale dans un contexte sécuritaire étouffant.
Kraze Baryè : l’un des plus redoutés mis en déroute
L’une des opérations les plus marquantes reste l’assaut contre le gang Kraze Baryè, dirigé par le tristement célèbre Vitelhomme Innocent. Grâce à une offensive planifiée avec précision, la PNH a réussi à neutraliser plusieurs membres du groupe armé et à saisir un arsenal important, composé notamment d’armes de guerre et de munitions. Cette victoire stratégique est saluée à travers le pays comme un tournant dans la lutte contre le crime organisé.
Kenskoff : la PNH combat pendant que d’autres attendent
À Kenskoff, dans les hauteurs de l’Ouest, policiers et soldats haïtiens unissent leurs forces pour empêcher les gangs de s’y implanter. Mais leur combat, aussi valeureux soit-il, se mène dans une solitude préoccupante.
Parlant des forces kenyanes, censées accompagner la PNH dans sa lutte pour rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays, le maire de la commune, Massillon Jean, n’a pas mâché ses mots :
« Ils ne sortent pratiquement jamais de leurs véhicules blindés et ne s’aventurent pas à pied dans les zones à risque. Il faut repenser les stratégies », a-t-il dénoncé sur les ondes de Magic 9, ce vendredi 11 juillet.
Île de la Tortue : une saisie record de cocaïne
Ce lundi 14 juillet, la PNH a réalisé une saisie exceptionnelle de 1 045 kilos de cocaïne sur l’île de la Tortue. Cette opération, supervisée par le Directeur général Normil Rameau, constitue l’une des plus importantes prises de drogue des vingt dernières années en Haïti. Une démonstration éclatante des capacités de la police lorsqu’elle bénéficie d’un encadrement adéquat.
La PNH, présente sur tous les fronts
Dans la nuit du 10 au 11 juillet 2025, une opération policière menée à la Ruelle ODN, dans la commune de Cap-Haïtien, a coûté la vie à cinq individus et permis la saisie de deux armes à feu. Selon les autorités, trois hommes circulant à moto ont ouvert le feu sur une patrouille du Sous-Commissariat de Haut du Cap avant d’être abattus. Deux autres suspects, interceptés en possession d’objets volés et d’une arme de calibre .22, ont été neutralisés alors qu’ils tentaient de prendre la fuite face à la Brigade d’Intervention.
Le vendredi 11 juillet, une autre opération d’envergure a été menée conjointement par l’UDMO-Ouest 2 et le SDPJ dans les zones de Clesin et Gérald Bataille. Une dizaine de personnes ont été interpellées pour leurs liens présumés avec des gangs armés. Plus d’une vingtaine de dépôts commerciaux ont été placés sous scellés par décision de justice, et d’importants lots de matériels volés ont été récupérés.
Une question qui dérange : la PNH peut-elle réussir seule ?
Ces succès opérationnels soulèvent une interrogation centrale : la PNH, renforcée et accompagnée par les Forces armées d’Haïti, ne serait-elle pas en mesure de restaurer la sécurité sans une force étrangère quasiment absente sur le terrain ?
Les résultats parlent d’eux-mêmes. Professionnalisme croissant, courage, et parfaite connaissance du terrain : autant d’atouts que peu de forces internationales peuvent égaler. Ces faits invitent à une réévaluation du rôle de la mission multinationale et plaident pour un investissement plus massif dans les institutions sécuritaires nationales.